Le regard décalé

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Industrie : de quelques cailloux dans la chaussure…

 

Avant qu’il soit question de la décarboner, l’industrie n’était que carbone. L’extraction du charbon était la principale industrie en soi, et le moteur de toutes les autres activités industrielles. Réindustrialiser le pays : l’intention est louable, le projet est ambitieux, il y a quand même quelques cailloux dans la chaussure. “Choose France”: le slogan est volontariste, mais la route est escarpée…

Le premier de ces cailloux est le fameux syndrome Nimby (not in my backyard) : allez faire cela où vous voudrez, mais pas devant chez moi ! Car qui dit industrie, dit nuisances – même si l’activité industrielle ne se réduit pas à l’industrie lourde. L’énergie est de ce point de vue un domaine particulièrement sensible : mâts d’éoliennes, réacteurs nucléaires, pylônes supports du réseau de transport.

“Réarmer le pays”, nous dit-on aussi. Les reportages sur les usines d’armement indiquent avec complaisance et de façon très précise leur localisation. Les riverains ne voient pas forcément cela d’un bon œil : en cas de conflit ont-ils envie d’être une cible de choix pour un pays agresseur ? L’art du camouflage fera bientôt partie de l’activité industrielle.

La souveraineté économique. Ces fameuses terres rares, qui sont au centre du débat, et dont tout le monde, ou presque, ignorait l’existence il y a quelques années. L’exploitation des gisements, connus ou à découvrir, sur notre territoire, pose la question de l’acceptabilité environnementale. Signalons sur ce sujet le documentaire Transition sous tension (Violeta Ramirez, 2024), enquête sur le projet d’ouverture d’une mine de lithium dans l’Allier.

L’obsolescence programmée – abréger volontairement la vie des produits pour en accélérer le besoin de remplacement est un autre paramètre pouvant entrer en ligne de compte. Si l’on regarde les choses cyniquement, cela peut créer des opportunités pour relocaliser des activités… à condition de ne pas se tromper de point de chute.

Les pouvoirs publics devront faire des choix douloureux en matière de politique industrielle, avec ou sans décarbonation. L’industrie automobile se porte mal, et nos producteurs de vins s’attendent à être mis en grande difficulté par les taxes à l’importation envisagées par tel pays, gros client. Il est impératif de stimuler la consommation intérieure dans l’un de ces deux secteurs. Boire ou conduire, il faut choisir. On prend une option : ne conduisez plus, buvez !

Le film Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter, Cimino, 1975) est surtout connu pour sa vision réaliste de la guerre au Vietnam. Ce qui nous intéresse ici est sa première partie, la vie d’une communauté autour de l’usine sidérurgique de ce coin de Pennsylvanie, le plus gros employeur local, avant le départ des trois protagonistes principaux pour le Vietnam, leur vie d’avant.

Ne laissons pas pour finir à cette rust belt américaine le monopole des références en matière d’industrie lourde. Le documentaire Zelensky, toujours disponible sur Arte.tv, donne à découvrir la ville natale du président ukrainien, place forte de la sidérurgie : inutile de préciser qu’il est très difficile de trouver dans les agences de tourisme des dépliants sur la ville de Kryvyï Rih.

Jean-Frédéric Collet
Jean-Frédéric Collet (N68)
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