Beaucoup prédisaient un enfer dans les transports pendant cette période estivale habituellement calme. Il n’en a rien été. Les plans transports élaborés collégialement avec notre autorité organisatrice, Île-de-France Mobilités, ont montré leur pertinence. Les Jeux se sont déroulés de manière parfaitement sécuritaire et les transports publics ont été au rendez-vous, avec un niveau de qualité de service reconnu par nos visiteurs du monde entier. Cela a grandement contribué à l’ambiance festive et à la réussite des Jeux olympiques et paralympiques, faisant même regretter à certains Parisiens d’avoir fui la capitale pour cette période !
Quelques chiffres :
- La fréquentation de la station Porte d’Auteuil a été multipliée presque par 10 pendant les JO comparativement aux jours les plus chargés de l’année.
- Plus globalement, les stations identifiées JOP (environ 90) ont vu leur trafic croître de 44 % par rapport à l’année dernière, pour une croissance moyenne sur le réseau ferré de 22 % sur la période des Jeux comparativement à une tendance annuelle à environ 2 %.
- Le pic a été atteint le 30 juillet, avec quasiment 5 millions de voyages.
Service sous contrainte
Le service et la disponibilité des effectifs avaient été profondément affectés depuis la crise Covid. L’un des grands défis était donc d’arriver à se remettre à niveau afin d’offrir le meilleur service pendant les Jeux, qui plus est dans un environnement très contraint. L’implantation des stades olympiques en zone très dense, les contraintes de circulation en voirie associées à la sécurité de ces sites, en particulier la préparation de la cérémonie d’ouverture des JO qui a coupé Paris en deux pendant huit jours, ont amené la RATP à devoir réorganiser de nombreux métiers.
Par exemple, les équipes de maintenance ont dû créer de nouvelles implantations des deux côtés de la Seine afin de pouvoir garantir une réactivité en toutes circonstances dans tous les métiers, même quand il était impossible de passer d’une rive de la Seine à l’autre. Les livraisons de matériel ont dû se faire de nuit pour esquiver les restrictions de circulation. Également pour accroître cette réactivité, la maintenance préventive, qui est stockable, a été anticipée dans les mois précédant les Jeux, afin de libérer des moyens pour la maintenance curative. Les horaires d’intervention ont été adaptés parfois (pour ne pas immobiliser des trains en maintenance lorsqu’il fallait mettre tout le parc en route sur la ligne 10 sur certains créneaux horaires) ou élargis lorsque la couverture de service le nécessitait par exemple sur des week-ends. Les possibilités de congés ont été substantiellement réduites et le recours aux heures supplémentaires a aussi permis d’augmenter ces capacités de maintenance.
Les gilets violets aux premières loges
Le service ferré dans les gares et stations a été reconnu également pour la qualité et la quantité de sa mobilisation. Les fameux gilets violets (agents des gares et stations, volontaires et saisonniers), très visibles et au contact du public, ont joué un rôle majeur dans la qualité de l’accueil et de l’accompagnement des usagers dans nos espaces. Les outils mis à disposition des agents resteront, que ce soit l’aide à l’information des voyageurs dans de nombreuses langues avec TradIVIA (outil basé sur une IA adaptée aux transports parisiens) ou les outils de vente en mobilité pour faciliter et accélérer la vente des titres de transport spécifique pendant les Jeux.
La répartition de ces agents a été finement pilotée en temps réel depuis le “Poste de commande de la Canalisation”, spécialement créé pour l’occasion et qui pourra être activé désormais pour chaque situation nécessitant de gérer des flux exceptionnels.
De manière connexe, le schéma de fonctionnement des chaînes de commandement, en s’appuyant sur l’expérience et les process existants, a été optimisé dans le contexte spécifique des Jeux. Ces optimisations serviront d’enseignements pour l’avenir.
La sécurité publique était un enjeu de taille. La coopération avec les forces de l’ordre, sous l’autorité du préfet de Police, a été exemplaire. Ainsi les effectifs de sécurité publique, RATP et Police, se sont vus renforcés pour atteindre près de 900 équipes par jour (RATP + Police + Gendarmerie) contre un peu moins de 200 habituellement, contribuant largement au sentiment et aux résultats de sécurité pendant les jeux. La loi JOP a également autorisé le recours à l’IA à titre expérimental pour la supervision vidéo des sites des Jeux olympiques.
Des modalités d’exploitation revues
Les Jeux ont également été l’occasion de pousser au-delà de leurs limites les systèmes ferroviaires y compris les plus anciens. Par exemple dans l’Ouest parisien, la programmation des compétitions prévoyait d’avoir simultanément des sessions à Roland-Garros et au Parc des Princes, ceci plusieurs fois par jour et sur plusieurs dates. La quantité de flux à absorber nous a amenés à revoir les modalités d’exploitation des stations, en spécialisant certains accès en entrée ou en sortie pour mieux orienter les flux de manière efficace. Sur les créneaux horaires les plus critiques, nous avons également revu complètement les modalités d’exploitation de la ligne 10 : l’utilisation, inhabituelle en exploitation commerciale, de la boucle de retournement de la Porte d’Auteuil, ainsi que l’utilisation simultanée des trois quais de cette même station. Cela a permis d’abaisser l’intervalle de la ligne 10 à 2 minutes 15 entre deux trains (au prix d’une non-desserte de la ville de Boulogne pendant ces plages horaires), au lieu d’un intervalle minimum habituellement pratiqué aux heures de pointe de 3 minutes. Ceci s’est fait avec un minimum de travaux, sans changement des systèmes de signalisation et en engageant l’intégralité du parc de matériel roulant de la ligne, vieux de 50 ans et nécessitant donc une réorganisation de la maintenance en conséquence. Ces mêmes trains de la ligne 10 ont vu également leur niveau d’accessibilité pour les malvoyants s’améliorer par l’installation de systèmes de sonorisation d’annonce des stations.
Cet exemple illustre la capacité qu’ont démontrée tous les métiers de la RATP (accueil, exploitation, ingénierie, travaux, maintenance…) à travailler ensemble, de manière décloisonnée, dans cet objectif commun d’offrir le service à nos visiteurs.
Les Jeux ont ainsi servi d’aiguillon à la RATP pour faire progresser l’entreprise. Si ceux-ci sont un succès indéniable, le service pour nos voyageurs du quotidien bénéficie évidemment aujourd’hui des progrès effectués par l’entreprise pour les Jeux. Avec les infrastructures nouvelles livrées (prolongement des lignes 14, 11, T3b) et les outils mis à disposition pour l’occasion, les progrès dans les organisations et services ont aussi vocation à rester en héritage.