Mines et rail : bienvenue à bord !
Introduction
Par Marin Boyet (P14),
Membre du Comité de rédaction
Entre défis environnementaux et enjeux toujours plus forts de performance, le monde ferroviaire entend bien négocier le virage du XXIe siècle. Ce dossier explore les multiples facettes d’un secteur en mouvement : de l’ouverture à la concurrence aux avancées en matière de décarbonation, en passant par les coulisses des métiers qui construisent le rail de demain. Embarquez avec nous pour un voyage au cœur du système ferroviaire !
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Une unité de maintenance mobile Romis de la société Robel, en expérimentation en décembre 2020 sur le secteur de La Défense. © SNCF Réseau médiathèque / Sylvain Cambon

Passion française

 

On les appelle les ferrovipathes : passionnés de train, ils ne comptent plus leurs kilomètres sur rail, savent nommer n’importe quelle locomotive, collectionnent parfois les modèles miniatures… et de ces amoureux du chemin de fer, la France compte un nombre certain ! Pas étonnant en effet que le train soit une passion française, tant il a accompagné voire structuré le développement hexagonal depuis deux siècles. Aujourd’hui encore, un Français sur deux prend au moins une fois par an le TGV ou le TER. Côté transports urbains, 30 agglomérations sont équipées de réseau de tramways et 6 de réseau de métros.

Mais le train, c’est aussi un truc d’ingénieur ! Il a en effet fallu surmonter de nombreuses problématiques techniques pour assurer la sécurité puis l’efficacité des circulations, à grand renfort de génie mécanique, génie civil ou génie électronique. Parmi les problèmes les plus illustres : comment bien tracer la voie et concevoir les trains pour éviter les déraillements, notamment à grande vitesse ? Comment éviter de percuter un autre train quand on ne peut pas s’arrêter à vue et encore moins sortir de son rail ? Comment optimiser le rendement des chaînes de traction ou l’aérodynamisme des locomotives ?

Bien qu’elles n’aient jamais disparu, l’étendue du monde ferroviaire dépasse aujourd’hui largement ces dimensions techniques et industrielles… à l’instar des compétences attendues des ingénieurs ! La volonté d’offrir toujours davantage de quantité et qualité de service est un casse-tête logistique, à la fois pour l’entretien du réseau, la maintenance des trains et la conception des grilles horaires. Le souhait d’interopérabilité entre pays voisins et de multimodalité avec d’autres moyens de mobilité est lui un défi d’envergure en termes de politiques publiques et d’aménagement du territoire. Ajoutez à cela que ces différents aspects s’entremêlent bien sûr en pratique, et que “transport ferré” rime souvent avec “investissements élevés” : ça n’est pas pour rien que l’on parle de système ferroviaire.

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Pont de Stambach, Bas-Rhin. © SNCF RESEAU/CAPA Pictures/Jean-Christophe VERHAEGEN

Un système trop complexe ?

 

C’est ce que l’on pourrait se demander, en constatant que les grands principes qui organisent la filière ferroviaire sont souvent méconnus des Français. En effet, une croyance a la vie dure, celle selon laquelle “la SNCF” déciderait souverainement de tout : horaires, tarification, fermetures de petites lignes… ! En réalité, le monde du rail est riche d’une grande diversité d’acteurs dont les responsabilités sont partagées et précisément réglementées. Donner à voir cette diversité de métiers et leur fonctionnement est la première ambition de ce dossier ! 

Le voyage commencera par la thématique de l’ouverture à la concurrence : ses modalités et ses règles, avec l’article de Cyprien d’Harcourt (P14), et son application concrète dans les régions, avec celui de Frédéric Cacciaguerra (E77). Côté matériel roulant, Moéa Ulve (N14) vous expliquera comment le constructeur Alstom s’assure de la qualité et conformité des rames, tandis que Claire Corral-Collière (P14) et Lola Péladan (P17) parleront de leur entretien en technicentre de maintenance. Indispensable maintenance aussi pour la voie, arpentée tous les jours par Marius Héry (N15) et Adèle Fousse (E18), conducteurs de travaux ferroviaires chez Colas Rail. Et nous n’oublions pas le rail métropolitain, avec le retour d’expérience d’Edgar Sée (P00) de l’été olympique de la RATP.

 

Tourné vers la transition

 

Enfin, le besoin de décarboner nos déplacements est aujourd’hui admis de tous. Dans ce défi, le rail a la chance d’être plutôt du côté de la solution que du côté du problème, et l’on peut se réjouir du regain d’attractivité de la filière auprès des jeunes ingénieurs depuis quelques années. Évolution des offres, adaptation des process, mise à jour des modes d’arbitrages économiques, innovations technologiques… c’est le système dans son ensemble qui s’adapte à cette nouvelle donne climatique. C’est le second objectif de ce dossier : montrer que le ferroviaire a le regard tourné vers le futur et vous parler des mobilités de demain.

C’est ce thème de la décarbonation et des mesures concrètes que j’ai choisi comme principal sujet du Grand Entretien, avec le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou (P76). L’actualité et l’avenir du fret y sont bien sûr mentionnés, et ce sujet est traité en détail dans le dossier par Hugues Gigleux (P08). Les acteurs du rail misent aussi sur l’innovation pour renforcer l’offre tout en contrôlant l’empreinte environnementale du train, comme le raconte l’article de Luc Laroche (P90). Un exemple bien tangible ? Le projet de transport autonome rapide sur rails Urbanloop, dont nous parlent Noémie Bercoff et Bérénice Bougard (N05) sur le site internet de la Revue, et qui était en démonstration à Saint-Quentin-en-Yvelines pendant les Jeux olympiques (page 78). Enfin, Mehdi Medmoun (P17) vous dévoilera comment les outils socio-économiques mis à disposition des acteurs publics en matière de transports eux aussi s’adaptent à la nouvelle donne climatique.

 

J’ai eu grand plaisir à coordonner ce dossier, et je remercie chaleureusement ses contributrices et contributeurs. Bonne lecture !

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Marin Boyet
Marin Boyet (P14)
Marin Boyet (P14) est membre du Comité de rédaction de la Revue. Il est ingénieur des Mines et titulaire d'un doctorat de l'École polytechnique. Il est ingénieur à SNCF Réseau.
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