L'innovation au cœur de la transformation industrielle
Face aux défis de la réindustrialisation et de la décarbonation, l'innovation est un levier majeur, qu'elle soit portée par des startups, nouveaux acteurs agiles, ou par des PME/ETI, confrontées à une concurrence intense. Bpifrance soutient massivement cette dynamique avec un continuum de financement et d'accompagnement complet, adapté aux startups industrielles et greentech.
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Les dispositifs dédiés du plan startups industrielles de BPIFRANCE

 

  • L’appel à projet 1re Usine, qui finance sous forme de subventions et avances récupérables des projets innovants d’implantation de sites pilotes/usines sur le territoire.
  • Le Prêt Nouvelle Industrie, qui accompagne en prêt sans garantie des projets innovants d’implantation de sites pilotes/usine sur le territoire.
  • Le fonds SPI (Société de Projets Industriels), rechargé d’1Md€, qui investit directement en capital dans la création de nouvelles activités industrielles en France.
  • Le fonds BAI (Bpifrance Amorçage Industriel), doté de 50M€, pour accompagner en capital les startups industrielles avec un go to market relativement rapide dans leur phase d’amorçage.
  • Le Fonds National de Venture Industriel, fonds de fonds doté de 350M€ pour favoriser l’émergence et la structuration du marché des fonds de capital-risque à vocation industrielle.
  • Le Diagnostic Amorçage Industriel, qui met à disposition des entreprises l’expertise d’experts industriels pour un accompagnement personnalisé sur 10 jours, visant à définir la stratégie d’industrialisation.
  • L’accélérateur Néo Startups Industrielles, qui propose un soutien personnalisé et collectif sur 9 à 15 mois pour aider les entreprises à faire passer leurs innovations industrielles à l’échelle, tant du point de vue de l’industrialisation que de la commercialisation.

 

Les défis de réindustrialisation et de décarbonation de notre économie sont majeurs. Et pour les adresser, l’innovation joue un rôle essentiel. Elle permet de développer les technologies de demain, de trouver de nouveaux modèles de croissance, de dégager des gains de productivité. C’est ce qui rendra notre industrie compétitive et moins carbonée. Le rapport Draghi, qui a récemment très bien souligné la situation difficile que traverse l’Europe en matière de compétitivité, a fait des recommandations très claires en ce sens pour réformer et relancer la croissance durable avec des mesures pour remettre en marche l’investissement en matière de décarbonation, d’investissement dans les technologies de pointe et pour l’autonomie stratégique…

Mais le paradigme du développement de l’innovation a changé. Auparavant l’apanage des grands groupes, qui développaient des programmes d’innovation très structurés, ou dans une moindre mesure des PME/ETI qui arrivaient parfois à se réinventer en capitalisant intelligemment sur leurs actifs, l’innovation est aujourd’hui beaucoup plus ouverte et portée par des structures agiles, qui réussissent à attirer inventions, talents et capitaux pour émerger. Ainsi les startups ont profondément transformé la façon dont l’innovation se développe. Cette dynamique issue de la Silicon Valley s’est accélérée en France depuis le milieu des années 2010, notamment sous l’impulsion de l’action de Bpifrance, soutenue par l’État, en particulier au travers des programmes d’investissement d’avenir (PIA) puis de France 2030.

En effet, Bpifrance a développé un continuum complet de soutien à l’écosystème de startups françaises, composé de dispositifs de financement non dilutifs et dilutifs ainsi que de services d’accompagnement, qui permet d’accompagner les startups à chaque étape de leur développement, de la création à la maturité.

 

Les startups industrielles : un soutien spécifique

 

Malgré la présence de ce continuum de soutien à l’innovation, renforcé en 2019 par le lancement du plan Deeptech, les startups industrielles souffraient encore d’un manque de financement pour leurs étapes d’industrialisation. C’est pourquoi Bpifrance a initié en 2022, avec le soutien de France 2030, un plan de soutien aux startups industrielles avec de nouveaux dispositifs comme l’appel à projets 1re usine, le Prêt Nouvelle Industrie, le fonds Bpifrance Amorçage Industriel, le Fonds National de Venture Industriel, le Diagnostic Amorçage Industriel, l’accélérateur Néo Startups Industrielles, ou le renforcement de dispositifs existants comme le fonds SPI (Sociétés de Projets Industriels), et le fonds Ecotech 2.

De plus, Bpifrance en a fait un axe majeur de son plan stratégique et a fait sien l’objectif ambitieux de créer 100 nouveaux sites industriels innovants par an à terme. C’est un objectif ambitieux, mais qui s’appuie sur une dynamique entrepreneuriale profonde que nous souhaitons réaliser.

Avec la mobilisation de l’ensemble des acteurs publics et privés qui ont chacun œuvré dans leur domaine (réglementation, foncier, formation, fiscalité, autorisations administratives, financement, acceptation sociale…) pour faciliter le développement de projets industriels innovants, une dynamique positive s’est installée et a permis aux startups d’avancer.

À fin 2024, Bpifrance compte environ 3 200 startups à vocation industrielle, dont une large majorité implantée en dehors de l’Île-de-France. Environ 28% d’entre elles ont réalisé des levées de fonds de plus de 1M€. Depuis 2022, elles ont levé 10,8Mds€, dont 2,8Mds€ en 2024, soit un peu plus d’un tiers des levées de fonds françaises. Ces startups ont créé plus de 65000 emplois et ont inauguré 133 sites industriels depuis 2022. D’ailleurs, parmi les startups qui lèvent des fonds, 97% qui ont investi dans un site de production en propre le font en France, et 66% des entreprises qui sous-traitent le font en France. Ainsi, l’innovation développée par les startups industrielles contribue effectivement à la réindustrialisation du pays.

En 2024, Bpifrance a déployé 3,7 Mds€ en financement de l’industrialisation (y compris le volet dirigé de France 2030), dont : 927 M€ sur le périmètre structurel de ses activités à destination des startups, PME et ETI industrielles (Appel à projets 1re Usine, Prêt Nouvelle Industrie, autres dispositifs du continuum de financement) ;  et 366 M€ en fonds directs au travers de sa palette d’outils d’investissement en capital risque.

Les startups greentech industrielles

 

Les startups industrielles françaises sont un moteur de la réindustrialisation verte : elles apportent des solutions pour décarboner l’industrie et plus largement l’économie.

50% des 3 200 startups industrielles sont des greentech, et elles représentent 50% des fonds levés et plus de 75% des sites inaugurés. On retrouve une effervescence de projets dans les nouvelles énergies, la mobilité propre, la construction durable, l’industrie verte, l’agriculture, la protection des écosystèmes. C’est un écosystème encore jeune, mais à terme c’est toute une filière industrie au service de la transition environnementale qui va s’établir.

Parallèlement, les projets industriels portés par ces entreprises sont toujours nativement construits pour être les plus vertueux possibles. Les sites de production inaugurés sont électrifiés, disposent de solutions de récupération d’énergie ou de chaleur, etc. Les produits sont conçus avec une économie de matière, les procédés sont les moins énergivores possibles. Cette dimension constitue un facteur différenciant pour ces startups à la pointe.

 

L’innovation dans les PME/ETI industrielles

 

Si les startups font l’objet d’un soutien actif de Bpifrance, les PME/ETI industrielles (et même les grands groupes pour certains projets spécifiques), ne sont pas en reste. Bpifrance a toujours accompagné ces acteurs pour les inciter à innover, que ce soit pour le développement de nouveaux produits ou des nouveaux procédés, afin qu’ils améliorent leur compétitivité dans un contexte d’intense concurrence internationale. L’action s’est d’ailleurs renforcée depuis 2020, avec une première étape dans le cadre du Plan de Relance (avec des dispositifs comme Territoires d’Industries et les appels à projets sur les secteurs stratégiques), et une seconde étape dans le cadre du Plan Industrie de Bpifrance, avec un porte à porte de masse pour les sensibiliser à l’innovation, de nouveaux dispositifs incitatifs comme le prêt R&D Bonifié Nouvelle Industrie pour financer avantageusement un projet d’innovation, et un accélérateur Néo Pivot Industriel pour envisager des pistes de diversification.

La cible à adresser est beaucoup plus large et diffuse avec plus de 27000 PME et ETI industrielles. Parmi elles, seulement 59% innovent¹, c’est trop peu : il faut progresser sur ce point pour préserver notre tissu industriel existant, et notamment faire levier sur les opportunités créées par la décarbonation. Néanmoins, elles ont inauguré 176 nouveaux sites industriels innovants entre 2022 et 2024, et la tendance est à la hausse malgré le contexte plus difficile actuellement.

 

Une nécessité d’action résiliente

 

La dynamique de réindustrialisation reste fragile, surtout dans le contexte international extrêmement incertain dans lequel nous évoluons, avec un État français contraint budgétairement, une Europe qui peine à déterminer une ambition forte sur sa politique de soutien à l’innovation et l’industrie, les États-Unis qui déstabilisent fortement les équilibres économiques, et la Chine qui dispose d’excédents de production prêts à se déverser en Europe.

Mais nous devons poursuivre dans notre action, tenir le cap. La réindustrialisation par l’innovation ne se fera pas en deux ans. C’est notre conviction sur le long terme et notre résilience qui vont être testées dans les années à venir. Et nous nous équipons pour mener cette bataille dans la durée. Les acteurs économiques ont besoin de visibilité pour s’engager. Il est donc important de les soutenir dans la durée pour qu’ils évoluent dans un cadre stable et propice à des investissements.

De nombreuses opportunités existent de créer des positionnements forts sur des industries d’avenir, notamment liées à la décarbonation de nos économies, et avec des systèmes productifs plus vertueux d’un point de vue environnemental. Saisissons-les!

1. Tout type d'innovation (produit/process, innovation incrémentale et de rupture). Source : analyse des données Insee de l'enquête Capacité à innover et stratégie (CIS) 2024 – https://bit.ly/43GeFq5
Paul-François Fournier
Paul-François Fournier
Ancien élève de Polytechnique et diplômé de Telecom ParisTech, Paul-François Fournier rejoint le groupe France Télécom Orange en 1994. En 2001, il est nommé directeur du Business haut débit de Wanadoo, puis prend la direction du Technocentre d'Orange en 2011. Depuis avril 2013, il est le directeur exécutif de la Direction Innovation de Bpifrance.
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