À la pointe des implants cérébraux
Paul Le Floch (P12)
Par Marin Boyet (P14),
Membre du Comité de rédaction
À 32 ans, Paul est le cofondateur et CEO d’Axoft, une start-up deeptech ambitionnant de révolutionner la compréhension du cerveau et le traitement de certaines neuropathologies à l’aide d’un nouveau type d’implant.
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Paul Le Floch (P12)

Du quartier latin à la baie du Massachusetts

 

Après une prépa PC, Paul Le Floch intègre Mines Paris – PSL en 2012. S’il choisit l’option Matériaux. l’intérêt qu’il nourrit pour la physique de la « matière molle » et les biotechnologies le pousse à solliciter un double-diplôme avec l’ESPCI voisine. Son stage de fin d’études sur les matériaux polymères est le préambule d’une thèse de doctorat qu’il prépare à l’université d’Harvard.

C’est au cours de sa deuxième année de thèse qu’il rencontre le Professeur Jia Liu, spécialiste des interfaces entre matériaux, neurosciences et bioélectronique. Paul devient son premier étudiant et étudie comment réaliser des implants cérébraux qui n’endommagent pas les tissus nerveux. « Cette partie de la thèse était très riche mais plus difficile, pour développer mes propres matériaux, j’ai dû apprendre la nanofabrication, les bases de bioélectronique et neurosciences, faire des cultures cellulaires in vitro mais aussi in vivo » explique Paul.

 

Une technologie et des applications de rupture

 

Le potentiel de ces travaux est remarqué par des investisseurs proches d’Harvard. Suivant leur conseil, Paul lance la start-up Axoft dès la soutenance passée, en juin 2021, avec Tianyang Ye, un camarade doctorant expert des capteurs haute densité, et son directeur de thèse. L’implant qu’ils développent est un filament long de quelques centimètres et épais de 100 microns, équipé de 256 électrodes sur toute sa longueur. Fait d’élastomères fluorés, ce matériau mou est facile à implanter et retirer du fait de sa faible affinité avec les cellules, et ne cause pas de réaction immunitaire.

Capable de mesurer l’activité de neurones individuels, ce genre d’implants est très attendu par les cliniciens souhaitant mieux comprendre puis traiter les troubles moteurs, du langage, de la vue… Parmi les innombrables applications, Axoft se focalise d’abord sur les patients en états comatiques, mesurer un niveau de conscience étant très difficile pour des capteurs de surface, mais bien plus accessible à des implants, qui à terme pourraient aussi être utilisés pour stimuler des zones du cerveau.

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Bientôt un premier produit ?

 

En moins d’un an, Axoft lève $8M, passant du trio initial à une équipe de dix personnes. Arrivé en 2025, Paul raconte : « Nous avons fait d’énormes progrès en termes de performance, sur le dispositif physique, mais aussi sur la quantité et qualité de données. Nos premiers essais cliniques sur des animaux sont très prometteurs et nous prévoyons d’en mener avec la FDA en 2027, pour avoir une approbation du produit en 2028 ».

En 2022, le magazine Forbes a classé Paul dans son palmarès 30 Under 30. Une distinction importante permettant de rayonner au-delà des sphères académiques, le tout dans un écosystème très compétitif. Axoft compte en effet comme concurrent Neuralink, cofondée par Elon Musk mais par rapport à qui Paul et ses associés sont persuadés d’avoir fait de meilleurs choix technologiques. Sur la question des matériaux notamment, où Axoft entend garder une longueur d’avance et les commercialiser en plateforme pour d’autres entreprises.

Interrogé sur ce que ses années à l’école lui ont apporté, l’ancien président du BDE nous répond « les Mines apportent une vraie composante entrepreneuriale, et à la différence du cursus universitaire, prépare véritablement à monter une équipe, lever de l’argent si nécessaire, et fonctionner en mode projet ». Des compétences déjà toutes mises en pratique par Paul, qui a manifestement en réserve des idées et de l’énergie pour de nombreux défis à venir.

Marin Boyet
Marin Boyet (P14)
Marin Boyet (P14) est membre du Comité de rédaction de la Revue. Il est ingénieur des Mines et titulaire d'un doctorat de l'École polytechnique. Il est ingénieur à SNCF Réseau.
Théophile Cantelobre
Théophile Cantelobre (P17)
Théophile Cantelobre (P17) est Directeur de Publication de la Revue des Mines. Ingénieur machine learning, Théophile est ingénieur des Mines et titulaire d'un doctorat en intelligence artificielle de l'École Normale Supérieure.
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