Après son diplôme d’ingénieur, Stéphane a poursuivi par un doctorat à l’École, puis exercé comme maître de conférences aux Arts et Métiers à Châlons-en-Champagne, où il a développé avec ses collaborateurs les premiers outils numériques pour faire des calculs de mécanique à partir de données d’imagerie.
En 2006, il découvre en Angleterre le potentiel de ses travaux pour la biomécanique. De retour en France, il rejoint le nouveau centre ingénierie et santé (CIS) de Mines Saint-Étienne pour y développer cette discipline. Il rencontre des chirurgiens qui l’invitent au bloc opératoire pour lui expliquer leurs problèmes concrets, et construit une équipe de chercheurs (aujourd’hui plus de 30 personnes) visant à résoudre les équations de la mécanique à l’intérieur des artères humaines.
Du jumeau numérique au bioprinting
Cette artère – la plus grosse du corps – se dilate parfois anormalement, créant un anévrysme qui risque d’éclater et causer la mort. Comment prédire le risque de rupture et éviter que les traitements créent des risques supplémentaires ? Stéphane et son équipe démontrent comment résoudre les équations de mécanique des solides dans une artère pour fournir des prédictions fiables. Il co-fonde alors Predisurge, start-up de trente personnes à Saint-Étienne qui commercialise un jumeau numérique des artères vendu aux fournisseurs de stents du monde entier.
En 2014, un séjour à Yale révèle à Stéphane le potentiel de la mécanique pour prédire les processus biologiques des maladies cardiovasculaires. De retour à Saint-Étienne, il obtient en 2015 la prestigieuse bourse ERC consolidator et développe pendant 5 ans de nouveaux modèles numériques pour prédire le développement des anévrysmes et anticiper leur traitement. Il découvre l’intérêt de l’OCT (technique d’imagerie ophtalmologique) pour cartographier en 3D l’intérieur des artères et mesurer les forces sur les cellules. Il crée alors KaomX, start-up spécialisée dans le bioprinting (impression 3D d’hydrogel ensemencé de cellules). Stéphane s’intéresse désormais à la mécanique du vivant aux échelles inférieures pour ralentir le vieillissement artériel, explorant ces sujets dans le projet JuvenTwin grâce à une nouvelle bourse ERC obtenue en 2024.
Récompensé en 2025 par le prestigieux prix Christian Oddou de la société de biomécanique, Stéphane est un chercheur de premier plan, poussé par une grande curiosité scientifique et le besoin de concrétiser ses projets. Cet esprit de chercheur-entrepreneur l’a mené à créer 2 start-ups, incarnant les valeurs de Mines Saint-Étienne : agilité, citoyenneté, dépassement de soi, ouverture, lien industriel et solide formation scientifique. Bien que rare chez les mineurs, cette carrière de chercheur-entrepreneur offre de superbes opportunités entre monde industriel et académique.